Il était une fois...
+ U.C.
+ U.C.
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Excusez-moi mademoiselle, je me présente, Nate. Je sais que vous avez certainement très envie de boire votre café tranquillement, mais est-ce qu’il y a la moindre chance que vous acceptiez de venir en boire un avec moi un autre jour ? La première idée qui me passa en tête fut que, oui je voulais boire mon café tranquillement… Je n’avais pas eu une minute à moi depuis le moment auquel mon réveil avait sonné et j’avais résolument besoin d’une pause. Une pause que je n’aurais très certainement pas tant que ce jeune homme restait planté devant moi. Je levai donc les yeux et m’apprêtait à le rembarrer quand je repensai à ce que Aaron m’avait dit quelques jours plus tôt au téléphone… oui j’étais toujours célibataire et après toutes ces années à me battre pour obtenir le job de mes rêves je n’avais toujours pas pris le temps d’avoir une vie sociale et amoureuse normale. Ce ‘Nate’ tombait à pic. En plus, il n’était vraiment pas désagréable à regarder et son accent anglais était quasiment irrésistible.
Oui, je crois que ça pourrait ce faire ^^’ Moi c’est Liv. lui répondis-je donc en souriant. Depuis le temps que je n’avais pas répondu autre chose que non à ce genre de question, je n’étais même plus sûre qu’on pouvait dire oui tout de suite sans passer pour une fille facile. Est-ce que j’aurais dû dire non d’abord pour ne pas paraître désespérée ? Et qu’avait-il pensé lorsqu’il avait entendu mon prénom ? Heureusement que je n’eus pas plus de temps pour y réfléchir, parce que cela m’aurait sûrement occupée jusqu’à la fin de la semaine. Il me tendit alors un stylo et m’invita à écrire mon numéro dans sa main. Je le fis rapidement, tout en faisant attention à écrire de manière lisible – je ne voulais quand même pas empêcher ce charmant jeune homme de me contacter après tout ces efforts juste parce que j’étais stressée.
En tous cas, je me réjouis de vous revoir ! Très bonne journée ! me dit-il avec un clin d’œil avant de partir. Ça avait été tellement rapide que j’avais à peine eu le temps de réaliser ce qu’il venait de se passer. Après trois ans de célibat le plus total et de refus sans fin à toutes propositions de ce genre, je venais d’accepter mon premier date. C’était presque incroyable de me retrouver dans cette situation. Je décidai de ne pas écrire de sms à Aaron avant d’avoir eu des nouvelles de ce fameux ‘Nate’ au cas où il ne me contacterait pas.
+
J’ai eu peur que vous ne veniez pas… quel plaisir de vous revoir !. Trois jours après notre rencontre j’avais reçu un message m’invitant à retrouver mon ‘seducteur’ dans le café où nous nous étions rencontré à l’heure de mon choix samedi matin. J’avais répondu par la positive, non sans avoir envoyé au préalable un message à mon frère pour lui dire que sa petite sœur était enfin de retour
sur le marché, et je me trouvai donc dans le café en face de la table à laquelle Nate s’était assis.
J’ai failli ne pas venir, mais ce n’était pas volontaire, promis, c’était juste le trafic en ville ! Je n’allais quand même pas lui avouer que j’avais failli annuler au moins vingt fois dans les trente dernières minutes parce que j’avais trop peur de ne pas savoir quoi dire, d’avoir l’air bête dans la tenue que j’avais mis deux heures complètes à choisir ou encore de me ridiculiser avec mes notions vieillottes de ce qui se faisait/disait durant un premier rencart. Heureusement qu’il ne pouvait pas lire mes pensées, sinon il aurait sûrement pris ses jambes à son coup et serait parti le plus loin possible en criant. Le reste du rendez-vous se passa très bien. Je n’étais pas hyper à l’aise au début, mais au fil de la discussion, il réussit à me rendre de plus en plus détendue. Trente minutes plus tard je riais au éclat sans me soucier des gens autour de nous. Quand il me proposa de nous retrouver quelque jours plus tard pour un souper au restaurant, je lui répondis naturellement que ce serait avec plaisir. Après un tel rendez-vous, je n’avais aucune raison de répondre autrement que par la positive.
+ Ce second rendez-vous ne fut pas le dernier, loin de là. Deux semaines plus tard nous en étions déjà à notre quatrième rendez-vous.
Tu es sûr que tu me laisse rentrer seul jusque chez moi ? Et s’il se passait quelque chose entre la porte d’entrée de mon immeuble et mon appartement ? Plaisanterie mise à part, le climat en ville était des plus mauvais en ce moment puisqu’il y avait eu des descentes de flics régulièrement et que de nombreux cambriolages avaient eu lieu depuis bientôt un mois.
Tu as raison je crois que ce serait plus sûr que je te raccompagne jusque dans ta chambre pour être certain que tu y arrives saine et sauve. J’adorais passer du temps en sa compagnie et le sentiment était visiblement réciproque. J’avais cessé de me faire du souci quand à ce qu’il pourrait penser de moi. S’il ne m’appréciait pas comme j’étais, ce n’était pas la peine de continuer. Après trois ans de célibat je n’étais tout de même pas désespérée au point de me faire passer pour quelqu’un que je n’étais pas juste pour plaire à un homme. Heureusement pour moi, Nate n’avait pas besoin que je sois quelqu’un d’autre et le courant passait vraiment bien entre nous. Tellement bien que trois mois plus tard nous passions quasiment toutes les nuits dans mon appartement. Quasiment oui, parce qu’avec nos horaires en décalé nous n’arrivions pas toujours. Il faut dire qu’avec les délais que j’avais parfois à tenir, il m’arrivait de passer la nuit au journal. Nous n’en étions pas au stade où nous devions nous rendre des comptes pour tout. C’était toujours un plaisir de passer un moment les deux, mais son absence ne me faisait pas non plus déprimer. J’étais assez fière de moi. Après trois ans de célibat, le premier rendez-vous que j’avais accepté s’était transformé en une relation qui durait déjà depuis plus de trois mois.
+ Un matin, alors que je me levais pour aller travailler, je trouvai Nate dans mon salon. J’étais prête à partir et m’apprêtais juste à attraper de quoi grignoter. Il n’était visiblement pas venu se coucher durant l’entier de la nuit et m’attendait en tournant en rond dans le salon. Il me montra le canapé de la main et m’annonça :
Liv, il faut que je t’avoue quelque chose. Ce n’était absolument pas prévu et je ne voulais surtout pas en arriver là, mais il faut que tu t'assoies et que tu m’écoutes un moment… Contrairement à ce que je t’ai raconté lors de notre premier rendez-vous, je ne suis pas du tout un avocat. Je travaille comme agent secret au fbi. Certains de tes articles sur les récents événements en ville ont attiré l’attention de mon patron et il a voulu vérifier que tu ne tirais pas tes infos directement des escrocs alors il m’a chargé de me rapprocher de toi…. Je ne l’avais pas prévu, mais dès notre rencontre je suis tombé sous ton charme et je ne peux plus te mentir. Liv je t’aime et même si notre rencontre était basée sur un mensonge, tout le reste était vrai. Les larmes coulèrent lentement le long de mes joues. Notre rencontre un mensonge ? Tout était donc basé sur un mensonge. Je voyais notre histoire de six mois se défaire petit à petit devant mes yeux…
Et il t’a fallut six mois pour vérifier que je n’étais pas une criminelle !? Je ne savais plus que penser. Je revivais chaque instant de notre relation et je me demandais ce qu’il y avait de vrai et de faux dans ce que j’avais partagé avec lui. J’avais l’impression de voir mon monde s’écrouler et je ne pouvais rien faire pour le retenir, comme si c’était du sable dans ma main et qu’il glissait entre mes doigts. Sans prendre le temps de lui répondre, je pris mon sac à main et je sortis de l’appartement en disant uniquement
Ne sois pas là quand je rentre !, puis je claquai la porte de l’appartement en sentant le regard attristé de Nate et en devinant que la seule raison pour laquelle il n’était pas en train de me parler était son respect pour moi. Le jour même je demandai deux semaines de congé à mon travail en mentionnant des raisons personnelles, ce qui me fut accorder, et je pris ma voiture pour aller rendre visite à mon frère à Fort Bliss et me changer les idées.